BIRD

PRIX DE LA CITOYENNETÉ • FESTIVAL DE CANNES 2024

À 12 ans, Bailey vit dans un squat de la banlieue éloignée de Londres avec son frère Hunter et leur jeune père toxicomane Bug. Ce dernier n'est préoccupé que par l'élevage d'un crapaud, censé financer son mariage imminent grâce à sa bave hallucinogène. Sa mère ne lui consacre pas davantage d'attention ; elle a la garde de ses plus jeunes enfants et refait sa vie avec un homme violent, qui n'apprécie pas les visites de sa belle-fille. Bailey mène une vie solitaire et aime filmer les oiseaux avec son téléphone. Un matin, un jeune homme se faisant appeler Bird, à la recherche de ses origines, apparaît dans sa vie.

Bird marque le retour à la fiction d'Andrea Arnold, sept ans après American honey. Elle traite sans misérabilisme ses thématiques habituelles : précarité, parents absents ou irresponsables, adolescence, émancipation et innocence animale. Nykiya Adams incarne admirablement cette enfant au corps rebelle, qui a dû grandir trop vite et refuse de se laisser enfermer dans un déterminisme social. Barry Keoghan (Mise à mort du cerf sacré, Les Banshees d'Inisherin) apporte des touches d'humour à son personnage de père négligent, pour se révéler finalement être extrêmement touchant envers ses enfants. Franz Rogowski (Transit, Disco Boy) est Bird et irradie extraordinairement, par son unique présence, le film de sa bienveillance. Andrea Arnold réussit de nouveau à faire cohabiter la poésie et l’âpreté de ce quotidien sordide ; elle s'autorise pour la première fois des touches de fantastique. D'une infinie douceur – remarquable travail du fidèle chef-opérateur Robbie Ryan – Bird est le meilleur moyen de commencer magnifiquement l'année.