« Le cinéma aime les fantômes, peut-être parce qu’il est lui-même un espace de transit, un royaume intermédiaire. Nous, les spectateurs, sommes à la fois présents et absents. » Christian Petzold
Georg, Allemand, a fui les forces d'occupation fascistes jusqu'en France. À Paris, où la situation devient dangereuse, il saisit l'opportunité de partir pour Marseille après avoir livré une missive à l'écrivain Paul Weidel : un message de sa femme qui vient de le quitter. Il arrive trop tard, le romancier a disparu, laissant derrière lui un manuscrit inachevé et ses papiers que Georg emporte avec lui... À Marseille, Georg rejoint la troupe des réfugiés qui cherchent la possibilité de prendre un bateau vers les Amériques. Il usurpe alors l'identité de Paul Weidel et rencontre la mystérieuse Marie, réfugiée comme lui, qui cherche désespérément l'homme qu'elle aime, sans qui elle ne partira pas...
Après Barbara et Phoenix, Christian Petzold transpose le roman à haute portée politique et existentielle d'Anna Seghers – qui se déroule dans les années 40 – dans la Marseille d'aujourd'hui. Cette « modernisation » n'est cependant jamais appuyée : ni film historique, ni relecture contemporaine d'une époque révolue, Transit paraît hors du temps. Il crée un espace de transit entre passé et présent d'où émerge une étrangeté envoûtante qui entre en résonance avec l'actualité. Exploration de la détresse de l'exil et de l'absurdité administrative, Transit est surtout une histoire d'amour intemporelle et romanesque, dans des conditions pourtant terribles, portée par deux magnifiques comédiens : Franz Rogowski, fascinant, et Paula Beer, révélée dans le Franz de François Ozon.
