THE WITCH
Du 20/07/2016 au 09/08/2016
INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANS
Comme il y a un peu plus d’un an avec It follows, The witch prouve qu’un grand cinéaste – même si c’est ici son premier film – peut, avec un petit budget, réaliser un très bon film angoissant et réflexif.
Nous sommes en 1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établissent à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres… Au-delà de l’élément fantastique que représente la sorcière du titre, la grand force du film tient autant au soin apporté à la reconstitution d’époque – à travers notamment les costumes et l’utilisation du vieil anglais – qu’à la volonté de nous plonger dans ces premières communautés puritaines, fondatrices de l’Amérique. Car l’enjeu du film se situe là, au cœur de cette famille engoncée dans des valeurs morales castratrices et irrationnelles. Et si cette fameuse sorcière vivant dans les bois n’était au final qu’une vue de l’esprit ? Cette dernière, tel le personnage du Théorème de Pasolini, servant de révélateur des désirs frustrés et des hypocrisies enfouies ?
Magnifiquement photographié – s’inspirant des peintures des maîtres flamands ou de certaines gravures de Goya – et remarquablement interprété, The witch est un film oppressant et malaisant, qui mélange habilement drame et fantastique avec un art consommé de la suggestion, digne d’Henry James et de sa Tour d’écrou.