PROPRIÉTÉ PRIVÉE
Du 28/09/2016 au 17/10/2016
L’histoire du cinéma regorge de chefs-d’œuvre, de films cultes, de réalisateurs incontournables que nous avons souvent la chance de (re)découvrir en salle. Mais certains metteurs en scènes – ou certains de leurs films – restent inexplicablement plongés dans les limbes de cette fabuleuse histoire. Heureusement, grâce au travail d’aventureux distributeurs, ces perles rares finissent par refaire surface : cette Propriété privée fait partie de ces inédits injustement oubliés, et c’est avec joie que nous vous le proposons
aujourd’hui.
Duke et Boots, deux marginaux, errent sur une route de Californie sous une chaleur écrasante. Alors qu’ils traînent du côté d’une station service, ils voient une jeune femme à bord d’une belle voiture et décident de la suivre. Ils s’installent à côté de chez elle, dans une villa inhabitée, afin de l’épier… Deux classes sociales opposées. D’un côté Ann, bourgeoise délaissée par un mari trop occupé par son travail et son ambition professionnelle. De l’autre, deux hommes un peu voyous, qui convoitent autant la belle villa que cette femme inaccessible. Grâce à une mise scène sobre et précise, le réalisateur met en place un jeu de séduction / répulsion magistral, mélangeant subtilement drame social et thriller dans un film qui n’est pas sans rappeler l’univers d’Alfred Hitchcock (son nom est d’ailleurs évoqué dans le film). Propriété privée prend ainsi le temps de distiller une atmosphère prenante et étouffante, où les désirs frustrés se mélangent aux fantasmes inassouvis pour aboutir à un final aussi déconcertant que violent. Le sujet du film et son traitement, audacieux pour l’époque, préfigurent ainsi le cinéma américain des années 70. Six ans plus tard, Leslie Stevens réalisera Incubus, film en langue esperanto. C’est dire que cet homme, qui officiera ensuite uniquement à la télévision, manquera au cinéma pour sa singularité et sa maîtrise formelle.