FUOCOAMMARE, PAR-DELÀ LAMPEDUSA
Du 28/09/2016 au 01/11/2016
OURS D’OR • FESTIVAL DE BERLIN 2016
Difficile de s’attaquer à un tel sujet, de plus en plus « sensible », et surtout difficile de trouver un moyen de s’extraire de son traitement purement médiatique pour essayer d’en saisir les nuances et l’aspect humain, au-delà des chiffres. C’est pourtant bien des « migrants » dont nous parle ce film. Le réalisateur a choisi de s’immerger sur l’île de Lampedusa, pour en rencontrer les habitants et essayer de saisir l’impact de ce « phénomène » sur leur quotidien...
Cette immersion l’a amené doucement vers le cœur de ce qui apparaît comme une « machine » d’accueil, un système qui a dû s’adapter et semble aujourd’hui extrêmement bien organisé. Nous sommes accompagnés dans ce voyage par Pietro Bartolo, directeur du petit hôpital de l’île, qui supervise les soins médicaux d’urgence prodigués aux migrants et aux réfugiés qui arrivent d’Afrique du Nord en traversant la Méditerranée. Car Lampedusa est la frontière symbolique, la porte d’entrée de l’Europe, traversée ces vingt dernières années par des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants en quête de liberté. Habitants et migrants cohabitent mais ne se croisent pas vraiment. Le lien c’est ce médecin qui force le respect par son implication et sa générosité. D’ailleurs, Pietro est aussi le médecin de Samuele, 12 ans. Samuele est né sur cette île perdue au milieu de la mer. Il va à l’école, adore tirer et chasser avec sa fronde. Il aime les jeux terrestres, même si tout le monde autour de lui ne parle que de mer. Il a d’ailleurs le mal de mer, ce qui semble hautement problématique et qui est pour lui source d’inquiétude pour l’avenir...
Fuocoammare est un film magnifique, à la mise en scène extrêmement soignée. Jamais cynique ni obscène, il nous amène à percevoir l’ampleur de la situation dans sa dimension humanitaire, mais aussi humaine grâce au contrepoint de la vie de Samuele et des autres habitants de l’île : un document exceptionnel qui nous raconte un monde dans lequel nous vivons, et que nous connaissons finalement si peu.