POESÍA SIN FIN
Du 05/10/2016 au 31/10/2016
Après La danza de la realidad, récit de son enfance chilienne, le cinéaste poursuit le récit burlesque, coloré, extravagant de sa vie. Il l’invente, la réinvente en une suite de trouvailles esthétiques, de scènes époustouflantes : le café Iris, par exemple, ce lieu gris aux clients endormis et aux serveurs cacochymes, où il rencontre, un soir, la poétesse Stella Diaz. Seins opulents et cheveux rouges, elle entame une liaison torride avec ce jeune homme qui l’idolâtre et se balade avec lui dans les rues en le tenant par les couilles – au sens propre du terme.
D’autres silhouettes bizarres surgissent : le cousin amoureux d’Alejandro qui se suicide pour ne pas révéler son homosexualité à ceux qui le savaient déjà. Un gentil clown qui invite le héros en plein marasme à le rejoindre dans son cirque. Et l’ami de toujours, le compagnon de virées nocturnes et alcoolisées qui décide, un beau matin – à jeun ! – de traverser la ville droit devant, sans se soucier du moindre obstacle… Le film exalte le cinéma magique, celui de Méliès, ses trucages naïfs et l’émotion qui les submerge. Jodorowsky s’en sert pour inciter les spectateurs de tous les films du monde à s’ouvrir à l’imaginaire. Aux fantasmes. À tout ce qui dépasse la réalité.
Espérons que Dieu laissera le temps à Jodo, qui n’est plus tout jeune, de tourner le troisième volet de sa fresque autobiographique : on y verra Alejandro quitter son Chili adoré et dévasté, partir à la conquête de Paris, des surréalistes et d’André Breton…
(d’après Pierre Murat • Télérama)