LE MAL N'EXISTE PAS

LION D'ARGENT, GRAND PRIX DU JURY • MOSTRA DE VENISE 2023

Dans un village proche d'un parc naturel, Takumi et sa fille mènent une vie modeste, en harmonie avec leur environnement. Un projet de « camping glamour » à destination des citadins en mal d'air pur va mettre en péril l'équilibre écologique de la région et affecter profondément Takumi et ses voisins...

Depuis la découverte de Senses en 2018, Ryusuke Hamaguchi nous émerveille film après film. Outre son talent, Hamaguchi possède une qualité essentielle pour inscrire son oeuvre dans le temps long (qu'il affectionne d'ailleurs dans ses réalisations) : celle de se renouveler sans cesse. Le mal n'existe pas s'est en effet construit différemment dès l'origine du projet : suite à leur collaboration sur Drive my car, la compositrice Eiko Ishibashi a demandé à Hamaguchi d'illustrer par des images – muettes, forcément – un de ses concerts. Le cinéaste a alors écrit un scénario lui servant de matrice pour concevoir ces vidéos. Porté par le sentiment d'explorer une voie inédite dans son travail, il a décidé d'en faire un film, lui aussi accompagné par la musique d'Ishibashi. Si son cinéma était jusque-là plutôt urbain et centré sur la parole, il se délocalise ici au plus près de la nature et laisse une grande place au silence. Sans qu'on ne puisse jamais prévoir où il va nous mener, son récit d'abord contemplatif emprunte ensuite au cinéma social pour retranscrire – non sans humour – la confrontation entre deux mondes opposés, avant de basculer de nouveau... Le mal n'existe pas nous subjugue ainsi par sa beauté et son mystère, et nous habite longtemps par les interrogations qu'il éveille...