L'AUTRE CÔTÉ DE L'ESPOIR

Quel film enthousiasmant ! Si vous ne connaissez pas le cinéma d’Aki Kaurismäki, vous avez alors la chance de découvrir son univers si singulier : sa manière toute particulière de filmer les villes portuaires pour en faire des lieux chaleureux, ses personnages d’une classe folle et d’une élégance anachronique dans un monde qui semble les avoir oubliés en route mais aussi son écriture qui parvient à allier avec énormément de subtilité des sujets de société majeurs et enfin un humour fin, pince-sans-rire mais extrêmement drôle. Le réalisateur finlandais construit ses films en totale indépendance, sans compromis, avec une sincérité rare et ça fait un bien fou ! Il écrit, réalise et produit lui-même, ce qui lui permet une liberté totale dans sa manière de raconter ses histoires et lui confère un statut d’auteur tout à fait atypique dans le paysage cinématographique actuel.

L’autre côté de l’espoir, c’est, comme son nom l’indique, ce qui attend les migrants qui arrivent au bout de leur route et qui espèrent reprendre une vie apaisée là où leur chemin s’est arrêté après les nombreux périls du voyage... C’est cette expérience que vit Khaleb, réfugié syrien. Son arrivée en Finlande est aussi étonnante que magnifique : il apparaît littéralement au milieu d’un tas de charbon et se fond dans la nuit noire... Mais dès le lendemain, il rejoint le droit chemin de la demande d’asile auprès de la police locale et est placé dans un centre d’hébergement le temps que l’état finlandais étudie sa demande... Ailleurs à Helsinki, Wikhström, cinquantenaire impassible (mais tous les héros de Kaurismäki ne le sont-ils pas ?), décide de changer de vie. Il quitte sa femme, revend son stock de chemises (il était jusqu’alors – idée géniale – commercial itinérant spécialisé en liquettes) pour acheter un restaurant... Ces deux destins a priori très éloignés finiront par se croiser...

N’en disons pas plus pour vous laisser le plaisir de la découverte. Il est finalement bien rare de voir des films de cet acabit qui traitent de sujets sociaux avec humour, humanité et bienveillance tout en parvenant à atteindre une certaine perfection formelle. Preuve supplémentaire – s’il en fallait une –  que Kaurismäki occupe une place bien à part dans le panthéon des grands cinéastes de notre temps. Un dernier mot sur la musique, jubilatoire, qui s’intègre mine de rien à la mise en scène et à l’histoire. Une merveille à apprécier les yeux et le cœur grand ouverts !