GUIBORD S'EN VA-T-EN GUERRE
Du 27/07/2016 au 21/08/2016
Oh Boy ! Une bonne comédie québécoise au cœur de l’été, c’était vraiment ce dont on avait besoin ! Philippe Falardeau (à qui l’on doit le magnifique Monsieur Lazhar) nous embarque aux côtés de Steve Guibord, élu député fédéral indépendant d’un comté perdu au Nord du Québec et au nom bien révélateur : Prescott-Makadewà-Rapides-aux-Outardes. Les principaux soucis de la communauté dans le comté tournent autour de la cohabitation entre les Algonquins (natifs amérindiens) et les exploitants de bois, qui se livrent à une impitoyable compétition de blocage de routes (et les routes, dans cette région étendue, c’est essentiel). Guibord (Patrick Huard, dont vous vous souvenez sans doute, il était le géniteur de centaines d’enfants dans Starbuck) est passé maître dans la gestion de ce conflit local, discutant avec les uns et les autres, négociant pour essayer de rétablir la circulation. Mais, suite à un malheureux concours de circonstances, voilà notre Guibord face à une opportunité aussi providentielle qu’angoissante de servir la démocratie au niveau national : il se retrouve obligé de voter pour ou contre l’envoi de troupes armées au Moyen-Orient, sachant que son vote fera pencher la balance dans un sens ou dans l’autre.
Servir la démocratie... Vaste programme et grande idée qui ne sont pas si simples à mettre en pratique, surtout quand des intérêts tout à fait déconnectés du débat initial interviennent dans l’affaire, ce qui ne manque pas d’arriver. Heureusement que dans cette histoire, le sage Guibord est accompagné par un stagiaire haïtien débarqué là quasiment par hasard mais néanmoins bien nommé Souverain. Le jeune assistant, avide d’apprentissages et d’analyses, devient « envoyé spécial », mobilisant les foules à Port-au-Prince, via Skype, leur racontant en détail et au jour le jour les débats et les dilemmes auxquels doit faire face le valeureux Guibord.
Cynique, drôle, parfois absurde tout en interrogeant intelligemment nos fonctionnements démocratiques, Guibord s’en va-t-en guerre est une comédie réjouissante et salutaire en ces temps moroses où l’évocation de la démocratie laisse un goût amer et beaucoup de désillusions.