GREEN BORDER

Le vol s’est bien passé et, juste avant l’atterrissage, l’hôtesse de l’air a gratifié chaque passagère d’une rose rouge. Bienvenue en Biélorussie. À la descente de l’avion, Bashir et sa famille se rêvent déjà en Suède. Ils y rejoignent le frère de Bashir, qui a tout organisé et payé d’avance : un van les attend à l’aéroport et un passeur doit les aider à gagner la frontière polonaise. De là, cap au nord, loin de la dictature syrienne, dans cette Europe qui ne saurait refuser l’asile à des réfugiés...

Avec Green border, Prix spécial du jury à la Mostra de Venise, la Polonaise Agnieszka Holland se démarque dans sa manière d'aborder la migration. Ce drame brutal enlise ses personnages dans le no man’s land d’une zone frontalière : Bashir et sa famille sont condamnés au surplace, renvoyés d’un côté des barbelés à l’autre par le cynisme de gouvernements antagonistes. La réalisatrice semble avoir jeté toute sa colère dans cet éprouvant cri d’alarme. Dans un noir et blanc glacial, son scénario distingue trois groupes : la famille de Bashir, les gardes-frontières et les activistes. Ce parti pris, certes didactique, crée des ellipses d’une tension rare. Quand on se demande, ces temps-ci, ce que peut le cinéma dans ce monde perdu, ce film répond : réveiller la rage si elle s’assoupit.

(D'après Marie Sauvion • Télérama)