WARDI

PLUTÔT DESTINÉ AUX ADULTES MAIS VISIBLE PAR DES ENFANTS, À PARTIR DE 10 ANS

« Prends soin de ça pour moi » dit Sidi à son arrière petite fille, Wardi. « Ça », c’est la clé d’une maison située à quelques kilomètres de là. C’est leur maison ! Seulement ils ne peuvent pas y habiter : elle est en Israël et eux sont Palestiniens, donc apatrides depuis 1948. Et depuis cette date, ils vivent dans un camp de réfugiés au Liban.

Le conflit israélo-palestinien est vieux de 70 ans, et pourtant, il est encore brûlant d’actualité. Alors comment en parler ? Avec ce film, le réalisateur Mats Grorud fait deux habiles pas de côté. Le premier réside dans le scénario. Il choisit comme personnage principal une fillette de onze ans, née dans le camp. Elle ignore quasiment tout du conflit, mais lorsque son arrière-grand père lui donne la clé de sa maison perdue – la clé du retour –, elle commence à poser des questions. Avec elle nous découvrons les luttes et les espoirs de quatre générations de réfugiés. À partir des témoignages recueillis dans les camps, Mats Grorud aurait pu signer un documentaire, mais il a choisi de réaliser un film d’animation. C’est le deuxième pas de côté. La technique du stop motion, dans des décors miniaturisés, nous amène dans un univers de bric et de broc, métaphore géniale de la réalité des camps. Et l’animation en dessins donne une bouleversante intensité aux différentes histoires racontées par la famille.

Ce film fonctionne comme une nécessaire piqûre de rappel, tout en douceur et subtilité, mais une piqûre tout de même. À voir absolument, en VOSTF pour les adultes ou en VF pour les jeunes gens à partir de 10 ans.