UNE FEMME FANTASTIQUE
Du 12/07/2017 au 27/08/2017
OURS D’ARGENT DU MEILLEUR SCÉNARIO • FESTIVAL DE BERLIN 2017
« L’origine du projet est liée à mon film précédent, Gloria. D’une certaine manière, Gloria marque la fin d’une étape. J’ai eu envie de passer à autre chose, d’aborder d’autres sujets. Avec Une femme fantastique j’ai voulu répondre à cette question : que se passe-t-il quand on meurt dans les bras de la mauvaise personne ? Je trouvais ce point de départ très puissant mais il me manquait un personnage. Pendant l’écriture du scénario, j’ai essayé de mettre un homme au centre de l’histoire. Plus tard, une femme plutôt âgée. Puis, une jeune fille. J’ai tout essayé, mais l’histoire ne prenait pas. Un jour, j’ai eu une autre intuition... Ce fut le déclic. » Sebastián Lelio
Les séquences d’ouverture d’Une femme fantastique sont empreintes d’une grande douceur. Un homme d’un certain âge quitte le sauna où il a ses habitudes pour aller assister au concert d’une jeune femme qu’il dévore des yeux. On les retrouve ensuite tous les deux au restaurant où ils dînent en tête à tête avant de rentrer ensemble, faire l’amour et se coucher... Malgré leur différence d’âge, Orlando et Marina forment un couple heureux et amoureux. Jusqu’à ce qu’Orlando meure brutalement. Outre la douleur de la perte, Marina va devoir également faire face au rejet et au mépris de sa belle famille qui n’a jamais accepté leur relation. Le calme des premières scènes va alors laisser place à un climat de méfiance et de suspicion à l’égard de Marina, forcée de se confronter à son histoire et de réaffirmer son identité pour défendre sa dignité.
On ne peut aborder Une femme fantastique sans évoquer en premier lieu la déchirante interprétation de son actrice principale, Daniela Vega, que la caméra ne quitte pas un instant. Alors que son personnage subit un torrent de défiance et d’humiliations, elle parvient avec beaucoup de retenue à laisser transparaître, sous le chagrin, son incroyable force. Sebastián Lelio filme cette héroïne fascinante avec une profonde humanité. Son film est un mélodrame bouleversant écrit avec beaucoup de finesse. Évitant tous les écueils scénaristiques et les clichés faciles en préférant s’attacher à cerner la psychologie de ses protagonistes, il trouve le juste équilibre entre tension et retenue, entre émotion et sophistication. Produit notamment par Pablo Larrain (No, Neruda) et Maren Ade (Toni Erdmann), Une femme fantastique dresse un portrait cruel de la société chilienne, Marina révélant par sa simple existence les contradictions et l’intolérance de celles et ceux qui lui font face. Mais c’est avant tout un magnifique plaidoyer pour l’acceptation de la différence, rappelant sans démagogie que chacun est libre de mener sa vie comme il l’entend et de choisir son identité. Une femme fantastique, indubitablement, et un film qui l’est tout autant.