UNE CERTAINE RENCONTRE
Du 20/06/2018 au 10/07/2018
Cette délicate histoire d'amour commence là où d'autres, souvent, se terminent. Quand, dans les toutes premières images, Angie retrouve Rocky au milieu de la foule, c'est pour lui annoncer qu'elle est enceinte de lui. Elle ne demande rien à ce partenaire d'une seule nuit, seulement l'adresse d'un médecin pour... avorter. Quel début audacieux pour une comédie sentimentale américaine des années 60 ! C'est ainsi qu'ensemble ils collecteront l'argent nécessaire, attendront un rendez-vous clandestin dans une rue fantôme et glaciale, en cachette de leurs familles (italiennes !) respectives... C'est ainsi que le musicien de jazz et la petite vendeuse de grand magasin apprendront, de silences angoissés en confidences rosses, à se connaître. Mais l'amour est un étranger. Il faut du temps pour l'apprivoiser. Surtout quand on est jeune, aussi affamé d'indépendance qu'effrayé de la gagner, qu'on est si seul au milieu de Manhattan mais qu'on ne voudrait pour rien au monde se caser et rentrer dans le rang...
Comédie en clair-obscur où la gaieté doit se frayer un chemin dans la ville, Une certaine rencontre contient tout ce qu'on aime chez Robert Mulligan (Du silence et des ombres, Un été 42...) : sa pudeur, sa connaissance intime des mouvements du coeur et son talent à faire évoluer physiquement ses personnages dans l'espace. Avec Natalie Wood et Steve McQueen, doux animaux sauvages, il joue sur du velours. Inquiets, affolés, remplis d'espoir ou déjà endurcis par les revers de la vie, leurs regards se croisent, se décroisent, plus explicites encore que leurs gestes d'affection à contretemps ou leurs dialogues mélancoliques et mordants. Un superbe couple, acidulé et soyeux.
(D'après Guillemette Odicino • Télérama)