UN COUP DE MAÎTRE

Souvenez-vous, Gastón Duprat a signé avec son compatriote Mariano Cohn un film férocement réjouissant, programmé dans nos salles en 2017 et disponible en Vidéo en Poche : Citoyen d'honneur. S'il est cette fois-ci crédité seul à la réalisation – Cohn restant présent à la production –, on retrouve dans Un coup de maître ce même goût pour l'humour grinçant, ainsi que cette capacité à transformer une vision cynique et désabusée du monde en une comédie irrésistiblement truculente. Notre franc-tireur s'attaque de nouveau au milieu artistique : après la littérature dans Citoyen d'honneur, il cible cette fois-ci le monde de la peinture, qu'il croque – pour notre plus grand plaisir – avec une bonne dose de vitriol... Porté par deux acteurs en grande forme, ce nouvel opus s'appuie surtout sur un scénario plein de malice et truffé de surprises : bien malin qui devinera où tout cela finira par nous entraîner !

Un coup de maître repose sur un duo particulièrement mal assorti : Arturo, galeriste réputé à Buenos Aires, et Renzo Nervi, peintre qui a connu son heure de gloire mais patauge depuis des années dans le creux de la vague. Le premier est aussi sophistiqué et mondain que le second est irascible et fruste. Arturo, pourtant, continue de représenter Nervi et persiste à l'inclure dans de nouveaux projets que ce dernier refuse avec un dédain opiniâtre. Après un nouveau coup d'éclat aussi savoureux que kamikaze, Nervi finit par être lâché par tout le monde et expulsé de chez lui. Victime d'un accident, il se retrouve à l'hôpital, définitivement ruiné, mal en point et amnésique... Arturo voit dans cette situation désespérée une opportunité : ne dit-on pas qu'il faut qu'un artiste soit mort pour que son œuvre soit enfin estimée à sa juste valeur ?