UCHO
Du 07/05/2025 au 27/05/2025


COPIE NUMÉRIQUE RESTAURÉE
SÉLECTION OFFICIELLE, EN COMPÉTITION • FESTIVAL DE CANNES 1990
À la fin des années 1960 en Tchécoslovaquie, Ludvík est vice-ministre en charge des affaires industrielles. Avec son épouse Anna, ils sont bien intégrés dans le Parti d’État communiste en place depuis le putsch de 1948. Le couple vit un amour en apparence angélique ; au foyer, la mésentente est pourtant de mise. De retour d'une soirée avec le Parti, Ludvík a un pressentiment inquiétant. Connaissant très bien les méthodes d'espionnage et sachant que l'intérieur de la maison est mis sur écoute, il redoute son arrestation prochaine. Au cours de la nuit, une intense paranoïa s'installe.
Les murs ont des oreilles, surtout dans les États communistes d’Europe de l’Est. Au moment du Printemps de Prague et de la Nouvelle Vague Tchécoslovaque, Karel Kachyna signe un film qui ne reflète pas l'utopie espérée de l'époque. Bien au contraire, Ucho a été interdit à sa sortie et ne sera découvert que vingt ans plus tard, après les chutes de l'URSS et du Mur de Berlin. Si le cinéma tchécoslovaque n’était pas avare en critiques envers son État, rarement un film l’aura fait aussi frontalement, n’hésitant pas à citer nommément d’anciens dirigeants. Dans un noir et blanc très contrasté – dans lequel la moindre lumière éblouit les personnages et les spectateurs – Ucho dépeint brillamment l'angoisse aliénante d'un univers où la vie des autres appartient surtout au régime. Avec une tension au cordeau, le moindre élément du foyer devient une menace.
S’enfonçant dans une spirale kafkaïenne jusqu'au bout de la nuit, Ludvík et Anna représentent bien les agents et les symptômes d’une oppression dont l’absurdité n’a pas fini de nous hanter.