TROIS VISAGES
Du 06/06/2018 au 17/07/2018

PRIX DU SCÉNARIO • FESTIVAL DE CANNES 2018
Behnaz Jafari, célèbre actrice iranienne, reçoit une vidéo sur son téléphone portable. Une jeune femme y explique longuement sa situation, son désir de devenir comédienne et ses difficultés pour y parvenir au sein d'une famille très conservatrice, avant de se suicider « à l'écran »... Bouleversée par ce message, Madame Jafari, accompagnée du réalisateur Jafar Panahi, part à la recherche de la jeune fille afin de savoir s'il s'agit d'un montage vidéo ou si la réalité de sa mort a été étouffée au niveau local... À mesure qu'ils approchent de son village, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest de l'Iran, les traditions ancestrales deviennent de plus en plus présentes et pesantes...
Jafar Panahi a été l'assistant d'Abbas Kiarostami avant de réaliser ses propres films : la filiation entre les deux cinéastes est évidente. Après Taxi Téhéran (disponible en Vidéo en Poche), Trois visages porte, sans aucun mépris ni jugement, un regard complexe, raffiné et profond sur la société iranienne. Il dénonce l’oppression patriarcale plus que religieuse, tout en reconnaissant le sens de l'hospitalité et la gentillesse de ses compatriotes. À mesure que le film avance, un troisième personnage prend une place prépondérante dans le récit, tout en restant absent à l'image : une ancienne star de cinéma perse, vivant exclue et dans la précarité en lisière du village. Les trois visages du titre sont ceux de ces trois actrices, symboles de trois générations dont le statut et la condition restent marginales dans un pays où la femme demeure soumise à la domination masculine et religieuse. Tourné clandestinement par un réalisateur assigné à résidence en Iran (et absent de la projection cannoise), Trois visages est un film fort, profondément politique et très émouvant.