THE SURVIVAL OF KINDNESS

PRIS FIPRESCI DE LA CRITIQUE • FESTIVAL DE BERLIN 2023

Avec The survival of kindness, Rolf de Heer nous rappelle qu'il est un des cinéastes les plus passionnants de ces quatre dernières décennies : visionnaire, ambitieux et farouchement indépendant. Relevant du genre post-apocalyptique, du survival, de la fable politique et du récit picaresque, ce nouveau film est à la fois la quintessence de ses thèmes de prédilection et un rappel de la vivacité du cinéma australien. Le personnage de BlackWoman, sortie de sa cage pour découvrir le monde, fait écho à celui de Bad Boy Bubby, son autre chef-d'oeuvre. Dans cette odyssée, elle va être confrontée aux maux de l'histoire australienne, à l'exclusion, au racisme et à l'inhumanité du colonialisme, dans un contexte pandémique semblant n'atteindre que l'homme blanc. Entre absurde beckettien et poésie élégiaque, The survival of kindness revient au sujet principal du cinéaste : la réflexion sur le langage.

Ce voyage, menant des premiers signes de vie aux villages-fantômes et à une cité construite autour d'une usine, bouleverse par son propos universel et sa violence hallucinée, mais aussi par sa forme. Le réalisateur filme le désert et la nature comme personne, à tel point qu'on finit par se demander si l'on n'a pas rêvé ce que l'on voit et ce que l'on entend. Mais où sommes-nous vraiment ? Dans quelle temporalité et dans quelle réalité ? La science-fiction se teinte d'une parabole philosophique et accentue le mystère, alors que nous sommes émerveillés par ce tour de force visuel. The survival of kindness est né d'un projet sur l'impact de la colonisation en Australie avant que le Covid et le mouvement Black Lives Matter n'amènent le réalisateur à revoir son scénario : un film de résistance et une expérience sensorielle comme on n'en voit que trop rarement.

(D'après Maxime Lachaud)