THE CARD COUNTER

William Tell, joueur de poker solitaire et silencieux, va de casino en casino et d'hôtel en hôtel à travers les États-Unis, en compagnie de son trauma. Il est approché par Cirk, un jeune homme obsédé par l'idée de se venger d'un ancien militaire à l'origine de leurs blessures respectives.

Dans l'ambiance feutrée d'un casino, William Tell joue avec une concentration totale et se meut discrètement. À un motel de bord d'autoroute, il loue une chambre et recouvre méticuleusement tout le mobilier de draps blancs immaculés. Après des années de prison, ce personnage mutique sillonne le pays sans aller nulle part. Il ne vit que dans le flux, comme l'argent des casinos : ces trajets sans destination forment une boucle de répétitions a priori infinies. Dans l'intimité de ces lieux impersonnels, il couche ses tourments sur papier. Solitaire et torturé, Tell erre jour et nuit dans ces zones de passages. Deux personnes vont tenter de le sortir de son repli. La Linda, agent de joueurs, veut le recruter pour un tournoi professionnel : elle l'approche avec bienveillance et reconnaît en lui ses faiblesses. Cirk cherche à le rallier à son projet de vengeance, mais Tell mène son chemin de croix différemment. Il est dans une autre démarche, celle de la rédemption – thème récurrent chez le cinéaste – et va chercher à ré-orienter le parcours de haine de ce fils de substitution.

Oscar Isaac incarne cet homme qui tient à maîtriser une discipline stricte pour contenir une souffrance en ébullition : sa présence de marbre, calme en apparence et violente intérieurement, habite le film. Face à lui, Schrader a choisi son acteur fétiche Willem Dafoe pour jouer le Mal du récit : son charisme est toujours assez puissant pour que son inquiétante sérénité nous hante.