THE CAPTAIN, L'USURPATEUR
Du 21/03/2018 au 09/04/2018
1945. Le chaos se répand en Allemagne et les armées du IIIe Reich commencent à se déliter. Des escadrons de soldats multiplient les exécutions sommaires, sans différencier les fuyards des fantassins ayant perdu leur unité. Pour survivre, un jeune déserteur allemand, Willi Herold, va usurper l’identité d’un capitaine dont il a trouvé l'uniforme, entraînant avec lui dans une mystérieuse « mission spéciale » les soldats qu'il croise sur sa route.
De retour dans son pays après avoir œuvré aux États-Unis sur des blockbusters franchement dispensables, Robert Schwentke a profité d'avoir plus de liberté d'expression qu'à Hollywood pour s'emparer d'un sujet qui lui tenait à cœur. Il narre ici une histoire forte et dérangeante, qui veut confronter de nouveau ses compatriotes aux heures sombres de leur histoire mais qui résonne bien au-delà des frontières allemandes. Dans les dernières semaines de guerre, les cas de désertion furent nombreux et les autorités militaires se montrèrent intraitables. Certains furent fusillés, d'autres finirent leurs jours dans des camps. Dans ces conditions extraordinaires, des hommes eurent des comportements inattendus et irrationnels où l'instinct de survie prévalait. Dans ce contexte, The captain questionne la notion de pouvoir : comment un homme, un soldat ordinaire tentant simplement de survivre, va basculer dans la folie, grisé par le sentiment de toute puissance et d'impunité que revêt son uniforme de gradé.
Grâce à une mise en scène ample, maîtrisée et une direction d'acteurs remarquable – en premier lieu le Suisse Max Hubacher, tout en ambiguïté, tour à tour fragile et terrifiant –, le réalisateur nous offre un film coup de poing sans jugement moral, un constat accablant de ce dont notre espèce est capable dans des circonstances chaotiques. Le générique de fin, comme une mise en garde, semble d'ailleurs évoquer le retour possible, à tout instant, d'un régime de terreur...