STOP FILMING US

À Goma, en République Démocratique du Congo, des jeunes artistes contestent le regard des Occidentaux et la subjectivité de leurs reportages. Ils y voient un affront à la culture de leur pays. À leurs yeux, le flux d’informations qui ne rapporte que des images de guerre, de violence, de maladie et de pauvreté nourrit tous les stéréotypes. Ils critiquent ce procédé, soulignent la démarche néocoloniale et revendiquent leur légitimité à filmer eux-mêmes leur pays.

Le cinéaste néerlandais Joris Postema propose alors que les artistes et les citoyen.ne.s du pays soient les créateurs et créatrices de ce film. Il donne notamment la parole à Bernadette Vivuya, réalisatrice en plein tournage d'un film à travers lequel elle souhaite forger une image différente de Goma mais qu’elle peine à financer. Il suit également la photographe Ley Uwera lorsqu’elle conçoit ses portraits de femmes avec leurs enfants dans un camp, dans le but de produire une image de type « Unicef » ; nous la découvrons aussi en train de capturer des « gueules » singulières dans le public d’un festival, facette plus personnelle de son travail. Nous rencontrons Mugabo Baritegera, qui mitraille à tout va dans les rues de Goma, tentant lui aussi de se débarrasser des clichés occidentaux en leur substituant une vision plus positive de la ville et des gens. La caméra de Postema recueille avec lucidité ces témoignages, sans en gommer les contradictions.