STILL RECORDING

C’est un document exceptionnel, tourné avec les moyens du bord au cœur de la révolution syrienne : une œuvre pleine de vie et d’urgence, un rayon d’humanité surgissant du chaos et des ruines, un regard d’une subjectivité bienvenue sur la guerre qui fait rage et détruit tout.

Tout commence quand Saeed, étudiant ingénieur d’une vingtaine d’années, part s’installer à Douma, dans la Ghouta Orientale (banlieue Est de Damas). Utilisant sa caméra comme une arme, il filme tout et tout le temps pour témoigner de ce moment, porté par l’enthousiasme révolutionnaire de la jeunesse. Tandis que la répression du régime s’intensifie, la Ghouta résiste et libère Douma de l’armée gouvernementale. Les forces loyalistes décident alors d’encercler la région : le siège va durer trois ans. Saeed est rejoint par Milad, étudiant aux Beaux-Arts de Damas, qui initie le projet de graffitis Al-Sahra : il s’agit de peindre des fresques murales monumentales sur les façades de la ville détruite. Son ami Ghiath, co-réalisateur de ce documentaire, arrive à son tour et ensemble, tous trois filment pendant plus de quatre ans un quotidien indescriptible où bombardements et snipers côtoient rires et art.

Rarement le cinéma nous aura permis de vivre une telle situation de l’intérieur ! À partir de plus de 400 heures de rushes filmés entre 2011 et 2015, Saeed Al Batal et Ghiath Ayoub, alors exilés à Beyrouth, ont construit un film d’une intensité saisissante :  l’intime se mêle au collectif et l’exaltation au désespoir. Ce qu’ils enregistrent avant tout, même dans des circonstances aussi dramatiques, c’est la vie ! Primé dans de nombreux festivals, Still recording nous embarque au cœur de Douma assiégée : une expérience aussi éprouvante que stimulante.