PUPILLE

Pupille nous ouvre les portes d'un monde qui nous était jusqu'ici inconnu, un monde pourtant proche, dont nous entendons souvent parler mais dont nous n'imaginions pas toutes les personnes qu'il implique, tous les rouages qui s'y imbriquent... Ce monde que nous découvrons, c'est celui de l'adoption. Au départ, au delà des explications et de la diversité des situations, l'équation est simple : d'un côté, une femme qui ne peut pas – ou ne veut pas – s'occuper de son enfant ; de l'autre, une femme qui en veut un mais ne peut pas en avoir. Mais pour que cette rencontre soit possible, il faut une procédure, des protocoles... Il faut surtout des personnes : c'est tout un collectif qui se mobilise et se met en branle, une addition de bonnes volontés, une multiplication de rôles et de compétences qui amènent peu à peu un enfant dans les bras de sa mère adoptive.

Pour conter cette quête – celle de parents pour un bébé qui en a besoin, et non l'inverse –, Jeanne Herry opte pour le film « choral ». Elle construit habilement et avec justesse les différents protagonistes : de la jeune femme qui décide d'accoucher sous X à la candidate à l'adoption éprouvée par la longueur de la procédure, en passant par tous les travailleurs sociaux, l'assistant familial, la recueillante, la coordinatrice, l'assistante sociale... Incarnés par des comédiens formidables, tous s'activent autour du « pupille de l'État » et tous existent fort à l'écran, sonnent juste et transmettent autant leurs doutes que leurs espoirs. Avec précision et émotion, Pupille fait de la complexité du circuit administratif de l'adoption un récit lumineux et exaltant, rendant ainsi un magnifique hommage à toutes celles et ceux qui y œuvrent au quotidien.