POUR LA FRANCE

Aïssa, 23 ans, fait la fierté de ses parents. Après des études à Sciences Po, il a choisi d'intégrer la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr. Pour la France, disait-il, pour servir cette terre qui l'a accueilli quand sa famille a fui l'Algérie alors qu'il était encore enfant. Il était prêt à donner sa vie pour ce pays mais il est mort pour rien, victime d'un rituel d'intégration qui a mal tourné. Sa mère, dévastée par cette disparition, veut comprendre. L'armée peine à reconnaître ses responsabilités, tergiverse sur les procédures à mettre en place. Son frère aîné Ismaël, le mouton noir de la famille, se lance dans une bataille pour la vérité : son enquête va faire resurgir ses souvenirs, de leur enfance à Alger aux derniers moments ensemble à Taipei.

Avec Pour la France, Rachid Hami rend un vibrant hommage à son frère disparu dans des circonstances similaires. Plus que le procès de l'institution militaire, il s'attache à travers un récit morcelé à raconter une histoire familiale complexe. Entre l'Algérie de leur enfance, la France d'aujourd'hui et une parenthèse à Taïwan au cours de laquelle ils font une forme de bilan de leur relation, les deux frères ne cessent de se confronter, de s'éloigner, de se retrouver... Magnifiquement interprété, notamment par l'excellent Karim Leklou dans le rôle de l'aîné en quête de rédemption, Pour la France navigue entre politique et intime, entre colère et émotion, entre tragédie nationale et drame familial. L'ampleur de sa mise en scène et la finesse de son scénario déjouent avec subtilité les attentes du « film social » et préfèrent suivre le parcours initiatique d'un frère, intense et bouleversant.