PIG

AMPHORE D'OR • FIFIGROT 2018

Téhéran, 2018. Un mystérieux tueur en série s'attaque aux cinéastes iraniens « en vogue » de manière assez spectaculaire : il leur coupe la tête et grave « porc » (pig) sur leur front... À l'heure des réseaux sociaux et de la sur-communication généralisée, ces meurtres bousculent violemment le petit monde du cinéma. Hasan Kasmai est de ceux qui gravitent provisoirement en marge du système : réalisateur aguerri, il est censuré depuis des mois et « interdit de tourner » par le régime en place, ce qui ne l'empêche pas de côtoyer ses collègues cinéastes et d'assister à l’hécatombe perpétrée par le mystérieux assassin... Il finit même par trouver vexant de ne pas être inquiété par le tueur et espère croiser sa route pour retrouver sa côte de popularité...

Le cinéma iranien est extrêmement riche et très engagé politiquement. Mani Haghighi s'inscrit totalement dans cette tradition, tout en s'émancipant par sa mise en scène et son écriture. Pig est d'un cynisme fou. Par le biais de ses personnages presque caricaturaux, le cinéaste s'en donne à cœur joie contre un système bridé par le pouvoir politique mais aussi gangrené par de nouvelles problématiques – notamment l'individualisme grandissant et l'impact des réseaux sociaux sur la vie publique. Mais au-delà de son engagement certain, c'est aussi une comédie franchement déjantée, truffée de trouvailles visuelles, à l'esthétique ouvertement « artisanale » et bricolée. Cette histoire de tueur en série est un prétexte pour nous embarquer dans un univers singulier et le personnage de Hasan Kasmai est tellement politiquement incorrect qu'il en est jubilatoire !