ORANGES SANGUINES
Du 17/11/2021 au 21/12/2021
SÉLECTION OFFICIELLE, SÉANCE DE MINUIT • FESTIVAL DE CANNES 2021
AMPHORE D'OR • FIFIGROT 2021
INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANS
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. » Antonio Gramsci
Dans une première partie, on reconnaît immédiatement la patte de Jean-Christophe Meurisse, fondateur de la troupe théâtrale Les chiens de Navarre et déjà réalisateur du film Apnée. En une succession de saynètes portées par un humour grinçant, il pose un regard acerbe sur notre société. Un couple de retraités surendettés tente de remporter un concours de rock – dont nous assistons également aux délibérations du jury –, un ministre soupçonné de fraude fiscale réunit ses conseillers pour redorer son image, une adolescente se prépare pour une soirée à laquelle est invité le garçon qu'elle convoite... Oranges sanguines fait alors la part belle aux joutes verbales – souvent savoureuses –, à l'absurde et à une forme de cynisme réjouissant. On rit franchement malgré le malaise qui s'installe peu à peu. Insidieusement, le film prend une forme de tangente : sa narration fait se rejoindre les fils tissés jusque-là parallèlement et, avec la tombée de la nuit, il bascule dans la noirceur et la violence.
Oranges sanguines est une expérience dont on ne ressort pas indemne. Provocant, dérangeant, malaisant : Jean-Christophe Meurisse prend un malin plaisir à gratter là où ça fait mal et à mettre le spectateur dans une position franchement inconfortable. Si le regard qu'il porte sur notre monde est profondément désabusé et traversé par une certaine rage, il n'est pas dénué de tendresse envers ses personnages (enfin, pas tous). Saignant, acide et rehaussé d'une pointe d'amertume : un film qui porte bien son titre !