NOTTURNO
Du 22/09/2021 au 18/10/2021

Notturno a été tourné au cours des trois dernières années le long des frontières de l’Irak, du Kurdistan, de la Syrie et du Liban. Des régions marquées par la guerre, les conflits, le terrorisme. Gianfranco Rosi a choisi de ne pas filmer les combats, de ne pas suivre l'exode des réfugiés. Il s'est tenu à l'écart des lignes de front. Il n'a pas non plus souhaité revenir sur les raisons des antagonismes, sur les ingérences étrangères, sur le renversement constant des alliances. Il a décidé de nous donner à voir le quotidien de celles et ceux qui vivent dans cet endroit du monde devenu inhospitalier.
Après quelques lignes d'explications, Notturno nous emmène dans une succession de tableaux. Un groupe de vieilles dames entonne un chant funèbre dans les ruines d'une ancienne prison. Des enfants confient à leur maîtresse les expériences (terribles) qu'ils ont vécues, à travers des dessins représentant de manière enfantine les horreurs de la guerre. Les patients d'un hôpital psychiatrique préparent une pièce de théâtre sur l'histoire politique de la région. Des prisonniers en tenue rouge vif arpentent la cour de leur établissement pénitentiaire. Une barque sillonne les marais de nuit, accompagnée par l'écho des coups de feu qui résonnent dans le lointain...
De l'enchaînement des ces instantanés, dont certains reviennent au fur et à mesure du film, naît une forme de récit qui tient plus de la sensation que de la narration. D'abord déboussolé par l'absence d'indications – de lieux notamment – on se laisse peu à peu porter par la beauté hypnotique des images. Là, au cœur des décombres d'une guerre qui semble sans fin, des femmes et des hommes tentent de vivre, de se reconstruire. Notturno leur donne un visage, une voix et les imprime imperceptiblement en nous.