NOS FRANGINS

SÉLECTION OFFICIELLE, CANNES PREMIÈRE • FESTIVAL DE CANNES 2022

Souvenez-vous. Souvenez-vous de la nuit du 5 au 6 décembre 1986. Malik Oussekine meurt, en plein Paris à la suite d’une intervention policière en marge d’une mobilisation étudiante contre la nouvelle réforme de l’éducation. Quand le scandale éclate, la France est sous le choc et réagit très fortement par de grandes manifestations. Cette même nuit, en région parisienne, Abdel Benyahia est tué par un officier de police dans des circonstances plus que douteuses. Pourtant, très peu l’ont su, l’affaire est étouffée et peu médiatisée. Nos frangins nous permet de revivre cette nuit et les jours suivants avec beaucoup d’intensité : il dévoile à la fois les recherches et les questionnements des proches des victimes mais appréhende aussi la situation via le prisme de la police.

Avec Nos frangins, Rachid Bouchareb s’empare de ces deux cas et nous livre une histoire intime et personnelle. Il décide d’adopter le point de vue des familles et mélange habilement les deux affaires ; il nous amène ainsi à nous questionner sans cesse sur les rôles de chacun.e. Même si le film est une fiction librement inspirée de la réalité, on y perçoit les problématiques bien réelles du racisme et de la répression policière de ces années-là. Certes, l’époque n’est plus la même mais le film est, lui, toujours d’actualité. Les images d’archives viennent nourrir le contexte politique et historique : utilisées avec une grande justesse, elles se mêlent superbement au récit. Nos frangins devient ainsi un hommage à toutes les histoires cachées, étouffées, oubliées. Il constitue une mémoire essentielle face aux violences qui existent encore aujourd'hui : un magnifique jeu de miroir entre l’Histoire et l’actualité.