MUD, SUR LES RIVES DU MISSISSIPPI

Le bayou est un terrain de jeu fantastique quand on a quatorze ans. Ses étendues marécageuses, ses kilomètres de méandres et ses chênes aux racines aériennes offrent mille recoins aux rêveries d'un gamin. Débrouillards et aventureux, Ellis et Neckbone le sillonnent tous les jours. Ils trouvent sur une île un bateau que la dernière inondation a juché tout en haut des arbres : exceptionnelle découverte qu'ils s'empressent d'explorer. Ils s'aperçoivent alors que ce drôle d'abri est habité par un homme, répondant au nom de Mud. Un serpent tatoué sur le bras, un flingue dans le pantalon et une chemise porte-bonheur : Mud, c'est la figure type du héros pour ces deux mômes. Mud est en cavale, il prétend avoir tué un homme par amour. Il a donc besoin d'aide pour retaper ce bateau et filer par le fleuve dès qu'il aura arraché sa fiancée à ses mafieux de frères. Le film suit alors en parallèle deux trajectoires qui ne cessent de s'entrecouper. D'un côté, la quête d'un homme fou amoureux, au passé trouble et inquiétant. De l'autre, l'univers de l'enfance qui se frotte à cette aventure d'adultes.

Mud est un film profondément ancré dans un lieu, fidèle à sa topographie et sa culture americana. Jeff Nichols développe un jeu impressionnant sur les différents espaces qui s'articule autour des eaux boueuses du Mississippi. Un monde dans lequel les bateaux sont dans les cieux, les maisons sur pilotis s'accrochent tant bien que mal aux berges du fleuve, et le delta mène tant à l'île utopique de Mud qu'aux légendes gardées par le personnage de Sam Shepard de l'autre côté de la rive.