MOONLIGHT

Chiron est un jeune noir frêle et solitaire dont la vie se partage entre une mère toxicomane et les brimades des gamins du coin qui le surnomment Little. Dans les rues de Liberty City, cité « difficile » de Miami, on est un dur ou on n’est rien. Juan, dealer du coin, le sait bien. Le jour où il rencontre Chiron, qui s’est planqué dans un appartement abandonné pour échapper aux brutes du quartier, il s’attache à ce gamin silencieux et terrifié. Il le prend sous son aile et la maison qu’il partage avec sa petite amie Teresa devient un havre de paix dans lequel se réfugie régulièrement Chiron. Il faudra bien pourtant que ce dernier se fasse une place dans ce monde qui lui semble si hostile...

Moonlight retrace le parcours ini-tiatique, sur une vingtaine d’années, d’un jeune homme dans un quartier défavorisé. D’abord timide et peu sûr de lui, Chiron devient un ado persécuté aux prises avec sa sexualité, puis un adulte. À travers ce portrait en trois périodes, le réalisateur montre bien à quel point les moments les plus marquants de nos vies façonnent notre identité et notre destin. Comment d’une démarche un peu trop chaloupée naissent les insultes et les doutes, et d’une amitié gâchée découlent la solitude et les remords. Alternant ellipses et moments de pure grâce, Barry Jenkins narre cette évolution avec un raffinement esthétique et une délicatesse des émotions qui touchent souvent au sublime. Si le contexte illustre sans s’appesantir une âpre réalité sociale, Moonlight est avant tout le récit bouleversant d’une vie complexe et singulière, rarement représentée au cinéma.