MATAR A JESÚS
Du 08/05/2019 au 27/05/2019
Paula, 22 ans est étudiante à l’Université de Medellín, où son père est enseignant, professeur activiste et engagé. Un jour il est assassiné sous ses yeux, dans la rue et en plein jour. Malgré le choc et la peur, elle perçoit clairement le visage découvert du jeune tueur à gages ; il doit avoir à peu près son âge. Alors que la police classe rapidement l’affaire sans suites, Paula retrouve Jesús, le meurtrier. Cette rencontre avec l’assassin, la relation qui se noue entre eux et la possibilité de se venger ouvrent un questionnement sur l’exclusion, les limites de l’humain et la difficulté du passage à l’acte. Agir, c’est soit perpétuer la violence, soit résister et reconnaître en l’autre une partie d’humanité, peut-être même une victime.
Ce film est en partie autobiographique : le père de Laura Mora a été assassiné de cette manière froide et brutale. Or ce n’est pas un cas isolé puisqu’entre 2000 et 2002, près de dix mille personnes ont été ainsi exécutées dans les rues de Medellín. L’expérience singulière prend alors une portée universelle. Plus que la manière d’endiguer ce fléau, la réalisatrice interroge avec ce film les causes – notamment sociales – de cet état de fait et la possibilité ou non de pardonner. Le jugement se porte particulièrement sur le fonctionnement des institutions, dont les défaillances les rendent complices de ces crimes généralisés. Interprété par des acteurs non-professionnels et délibérément mis en scène de manière naturaliste, ce premier film est étonnant de justesse et porte une belle réflexion sur le pardon.