MARTIN EDEN
Du 30/10/2019 au 19/11/2019
D'après le roman de Jack London (1909)
PRIX D’INTERPRÉTATION MASCULINE • MOSTRA DE VENISE 2019
Martin Eden, séduisant jeune homme à la gaucherie poignante, est matelot. Un jour, après avoir soustrait courageusement un inconnu des coups d’une brute, il est introduit dans une grande maison bourgeoise. Il y fait la rencontre d’Elena, belle jeune femme à la chevelure d’or, délicate et érudite, auprès de laquelle il sera initié au savoir et, surtout, à la littérature.
L’adaptation de l’œuvre de Jack London était périlleuse : Pietro Marcello y parvient de manière originale. En partie autobiographique, Martin Eden est un grand roman d’apprentissage. Le film est fidèle au livre – à son esprit, à la simplicité noble de son style – même si le lieu de l’action est transposé de la Californie à Naples. Des archives, magnifiques, constellent ainsi ce récit épique : ce sont des images tremblées du peuple napolitain qui résonnent avec l’aventure palpitante vécue par Martin Eden. Celle d’un homme instinctif mais volontaire, qui échappe peu à peu à sa condition, stimulé conjointement par l’amour et le désir de devenir écrivain. En route, l’autodidacte ne cesse de croiser des personnages qui deviendront décisifs pour lui, des notes d’humanité bienvenues dans un monde décrit par ailleurs comme profondément injuste et féroce. Le film touche juste sur le thème de la honte sociale et de la frénésie d’apprendre, sur l’exaltation et le labeur de l’écriture. À la fois candide et viril, heureux et torturé, l’acteur Luca Marinelli met finement en valeur les facettes de son personnage.
Martin Eden s’avère très émouvant, en évitant tout pathos. Lyrique, il garde jusqu’au bout sa ligne de conduite, vive, elliptique, romanesque : même l’amertume la plus grande y est transfigurée par le soleil.
(D'après Jacques Morice • Télérama)