MARIN DES MONTAGNES

De Madame Satã au Jeu de la reine, en passant par Praia do Futuro ou La vie invisible d’Euridice Gusmão, la filmographie cosmopolite du cinéaste Karim Aïnouz se fait le miroir de son histoire personnelle... C'est celle-ci qu'il décide d'aborder dans cet essai documentaire.

« Brésilien de naissance et de lignée maternelle, Algérien par mon nom et par les circonstances de la vie, j’ai toujours vécu dans une zone entre ces cultures. Marin des montagnes est un carnet de voyage épistolaire dans un pays – l'Algérie – dans lequel mon père est né mais que je n’ai jamais vu. C’est aussi une lettre d’amour à ma mère, qui m’a élevé seule, abandonnée par l’homme dont elle était tombée amoureuse avant ma naissance, et qui n'a jamais fait elle-même le voyage dont nous avons parlé tant de fois.

La forme intuitive du film ne suit aucun itinéraire précis et tire parti de la spontanéité qu’offre le documentaire. Cette enquête personnelle et poétique part d’une histoire d’amour et s’élève jusqu’aux destins entrelacés de deux sociétés – algérienne et brésilienne – qui ont un jour tenu des promesses utopiques de souveraineté, de progrès, de richesse, et ont finalement toutes deux trahi ces chères promesses en l’espace de quelques décennies – littéralement en l’espace de ma vie. Je crois que ce journal intime peut nous aider à rêver à nouveau d’un avenir : de rage, de joie, de liberté et de justice sociale. Peu importe la distance ou la différence que nous pensons avoir, nous sommes tous, en fait, intimement liés. » Karim Aïnouz