MADELEINE COLLINS

En France, Judith Fauvet est l'épouse de Melvil, chef d'orchestre reconnu, et la mère de deux adolescents. En Suisse, elle est la compagne d'Abdel avec qui elle élève une petite fille, Ninon. Traductrice pour des institutions internationales, son activité emmène Judith à voyager régulièrement et ces nombreux déplacements lui permettent de justifier cette double vie. Si les au-revoirs sont toujours déchirants et les innombrables trajets épuisants, elle parvient à mener de front ces deux existences dans deux pays différents. Peu à peu pourtant, cet équilibre fragile fait de mensonges, de secrets et d'allers-retours se fissure. Prise au piège, Judith choisit la fuite en avant.

Dès la séquence d'ouverture, intrigante et énigmatique, Madeleine Collins installe tension et malaise. Antoine Barraud déroule avec une étonnante maîtrise un scénario particulièrement alambiqué qui rajoute sans cesse une couche supplémentaire au mystère entourant la personnalité de sa protagoniste. Au fur et à mesure que son entourage menace de la percer à jour, Judith s'enferre dans de nouveaux mensonges, semble flancher mais rebondit sans cesse, comme partagée entre le poids du secret et la toute puissance que celui-ci lui apporte. Virginie Efira, impressionnante, apporte à ce personnage complexe une infinité de nuances émotionnelles, dévoilant sous le masque de sa beauté un trouble inédit. Thriller psychologique plongeant dans l'esprit d'une femme en pleine confusion identitaire, Madeleine Collins réussit le tour de force de maintenir jusqu'au bout un suspense étouffant tout en dosant subtilement le déploiement des différentes strates d'explications et de justifications d'une situation tortueuse. Sous la forme d'un jeu de pistes habilement labyrinthique, Antoine Barraud questionne l'insondable profondeur de la psyché humaine. Mais au fait, qui est Madeleine Collins ?