LOVING

En Virginie dans les années 50, comme ailleurs aux États-Unis, les couples interraciaux sont coupables de délit et condamnés à la prison. Le pays est soumis à des lois ségrégationnistes. Malgré ce racisme structurel, il existe des endroits, dans les villes et les campagnes, où les noirs et les blancs se mélangent, vivent côte à côte et parfois tombent amoureux.

C’est l’histoire de Mildred et Richard. Elle est noire, il est blanc. Ils veulent se marier et fonder une famille. Pour cela, ils partent dans le district voisin qui autorise les unions interraciales. Malheureusement, à leur retour en Virginie, la loi conservatrice s’abat sur eux : ils sont séparés et condamnés à la prison. Le jour du procès, le juge leur accorde une suspension de peine à condition qu’ils quittent l’état. C’est ce qu’ils feront et pendant neuf ans la famille Loving – qui s’est agrandie – part vivre dans une ville qui ne leur ressemble pas. Ils sont déracinés, loin de leur famille, de leur entourage et de leur terre. Dans le même temps, la société nord-américaine évolue doucement, le mouvement des droits civiques prend de l’ampleur. Nous sommes alors en 1967 et deux avocats engagés dans la cause vont se pencher sur leur cas. Les révoltes d’hommes et de femmes noires qui s’élèvent dans le pays pour lutter contre le racisme d’état et pour obtenir l’abolition de la ségrégation permettent aussi la mise en route de la procédure judiciaire dans laquelle les avocats des Loving s’engagent. La profonde injustice qui les frappe depuis presque dix ans pourrait prendre fin...

Si Jeff Nichols signe là un film classique proche du mouvement de l’americana, le réalisateur virtuose y imprime son style personnel à travers les longs plans contemplatifs des paysages du Sud, les héros taiseux et humbles, la place laissée aux silences, aux ellipses. Son scénario, ample et sobre, nous raconte une histoire qui change l’Histoire, en s’appuyant principalement sur des détails du quotidien. Loving dégage une immense tendresse et un bel humanisme tout en nous rappelant les injustices dont seule la bêtise humaine est capable. Ce film d’une extrême sensibilité est une ode au progressisme comme seule alternative face aux discriminations.