LINGUI, LES LIENS SACRÉS
Du 08/12/2021 au 04/01/2022
SÉLECTION OFFICIELLE, EN COMPÉTITION • FESTIVAL DE CANNES 2021
« Reconnaissons-nous les femmes
Parlons-nous, regardons-nous
Ensemble, on nous opprime, les femmes
Ensemble, révoltons-nous ! »
L'hymne des femmes, 1971
Nous sommes au Tchad, dans la ville de N’Djamina. Amina vit seule avec sa fille Maria, 15 ans. Cette dernière tombe enceinte. L’avortement est interdit, l’excision obligatoire. Le viol est tu, le patriarcat dominant. Maria, malgré son jeune âge, décide de résister et de prendre le droit de disposer de son corps. Commence alors un combat qui semble clairement perdu d’avance. C'était sans compter sur les liens sacrés qui vont émerger pendant le film : ceux qui unissent les femmes entre elles, ces liens implacables qui même sous l’oppression engendrent une solidarité sans faille. Car toute la beauté de Lingui, c’est l’histoire de la sororité et elle est miraculeuse !
On peut déplorer la rareté des cinémas africains dans nos salles occidentales. Depuis le Tchad, Mahamat-Saleh Haroun est un des pionniers, loin d’en être à son premier fait d’arme cinématographique. Toujours combatif, nous l’avions découvert avec Daratt, saison sèche, Un homme qui crie ou plus récemment Grigris et Une saison en France. Avec Lingui, il s'empare d'une thématique aussi grave que nécessaire. Dans un pays en mutation, en pleine reconstruction entre urbanisation et tradition, le combat pour l’émancipation des femmes reste un sujet épineux. Pourtant, les images ensoleillées et les couleurs vives des voiles dont s'habillent les protagonistes font contraste avec le désespoir dans les yeux de Maria et de sa mère. L’émotion nous imprègne et nous sortons de la séance avec une certitude : la force est avant tout collective !