LETTRES SICILIENNES
Du 16/04/2025 au 06/05/2025
Catello, homme politique aguerri en Sicile, a été condamné pour association de malfaiteurs avec la mafia, notamment en raison de ses liens avec son filleul Matteo, jeune chef respecté de la province de Trapani. Ce dernier avait hérité de la place de son père : s'il n’était pas le fils aîné, il était le plus « prometteur » et les promesses ont été tenues. Au début des années 2000, Catello sort de prison. Il n’a plus rien et le retour auprès de sa famille est loin d'être chaleureux. Les services secrets l’approchent : l’organisation dissoute, Matteo est en cavale, insaisissable. Catello est certainement la seule personne pouvant le faire capturer.
Le point de départ est réel : la cavale, à partir de 1993, de Matteo Messina Denaro, plus grand fugitif de la Mafia après le maxi-procès de Palerme. Plutôt que d'en faire un biopic ou un récit égrainant les faits, Fabio Grassadonia et Antonio Piazza dressent une sorte d'état de la Sicile. Après Salvo et Sicilian ghost story, les cinéastes concluent leur trilogie autour de la Cosa Nostra en filmant son crépuscule. Pour la première fois, ils se laissent aller à la comédie, une comédie noire sur une région dévastée par des protagonistes médiocres. Toni Servillo, héritier flamboyant du comique italien, incarne Catello en bouffon misérable, partagé entre les liens familiaux et l'attrait de l'argent facile. Ailleurs, Elio Germano campe un Matteo hypnotique : opaque et séduisant, il est le mafieux de choix depuis sa plus tendre enfance, à la fois symptôme et ferment d’un appareil destructeur empoisonnant quiconque s’en approche. Autour d'eux, il n’y a que ruines, désolation et ridicule.