LES FANTÔMES

FILM D'OUVERTURE, SEMAINE DE LA CRITIQUE • FESTIVAL DE CANNES 2024

Strasbourg. Hamid, réfugié syrien, sillonne la ville à la recherche d'un homme. Solitaire, il arpente les différents lieux d'accueil, montre la seule photo – floue – en sa possession et demande inlassablement si quelqu'un a vu cette personne. Il se heurte immanquablement à la méfiance et la suspicion : même très loin du régime de Bachar Al-Assad, la crainte des représailles reste forte. Et pour cause : Hamid est membre d'une organisation secrète et celui qu'il traque est un criminel de guerre syrien caché en Europe. Quand il croît le reconnaître, son passé ressurgit, l'envahit... Cet étudiant apparemment sans histoire peut-il vraiment être son ancien bourreau ?

Venu du documentaire et nourri par ses nombreux voyages, Jonathan Millet décide de se lancer dans la fiction pour raconter ce qu'il vient de découvrir lors de ses recherches en Syrie : l'existence de réseaux souterrains qui poursuivent les tortionnaires exilés en Europe. Inspiré de faits avérés et très documenté, Les fantômes utilise les ressorts du cinéma pour retranscrire au mieux cette matière réelle. Tout le déroulement de l'intrigue se réfère à des faits authentiques ; la plupart des actions et des agissements reposent sur du concret. Le film emprunte toutefois au genre, particulièrement aux films d'espionnage, autant pour coller au quotidien des protagonistes que pour traduire l'importance des enjeux qui les animent. Le travail sonore, remarquable, permet également de traduire l'intériorité des personnages, l'intensité de ce qui se joue en eux. Porté par les interprétations impressionnantes d'Adam Bessa et Tawfeek Barhom, Les fantômes trouve un équilibre fragile entre bouleversements intimes et questions géopolitiques, entre thriller et documentaire.