Le petit fugitif
Du 15/06/2016 au 15/06/2016
Chers jeunes spectateurs, et chers parents de nos jeunes spectateurs, nous ne saurions trop vous recommander ce Petit fugitif, formidable redécouverte, petit bijou indépendant américain des années cinquante, qui devrait vous ravir par son naturel, sa vivacité, sa liberté de filmage et de ton. Le jeune Joey, sa bouille toute ronde et son air de titi new-yorkais vont entrer tout droit dans le panthéon des inoubliables gamins de pellicule, pas très loin sans doute de l'Antoine Doinel des 400 coups. La comparaison n'est pas fortuite : François Truffaut était un fan du Petit fugitif.
Premier et décisif atout pour captiver les jeunes paires d'yeux : c'est une histoire de famille, à laquelle donc chacun peut s'identifier. Deux frangins, Lennie, la douzaine déjà affranchie, et Joey, sept ans nez en avant, vivent, pas riches mais pas malheureux, avec leur mère dans le quartier populaire de Brooklyn. Joey joue évidemment les pots de colle aux basques de Lennie, qui voudrait bien s'en débarrasser de temps en temps pour faire l'homme avec les potes de son âge. Et justement, les grands ont prévu une virée pour ce week-end à Coney Island, son parc d'attractions, sa plage, ses hot-dogs…
Manque total de bol : la mère est obligée de se rendre ex abrupto au chevet de la mamie malade et doit laisser ses deux rejetons seuls pour deux ou trois jours… Comme de juste, Lennie est promu chef de famille et doit abandonner toute idée de week-end à la mer pour veiller sur son petit frère. Inutile de vous dire que l'aîné l'a mauvaise et traîne des pieds pour remplir sa mission. Et comme pour se venger un brin, il imagine avec ses copains de jouer un sale tour à Joey : ils manigancent un faux accident de carabine au cours d'un jeu de gendarmes et de voleurs, Lenny fait le mort et on dirait que ce serait son petit frère qui l'aurait tué. Bête mais pas méchant… sauf que Joey prend la chose au sérieux, se persuade d'être un fratricide et, récupérant l'argent laissé par maman pour les courses, se sauve et prend le train… pour Coney Island ! Où il va passer une journée et une nuit d'errance, à baguenauder parmi la foule, à profiter des attractions foraines, à la fois heureux et tenaillé par son sentiment de culpabilité…
C'est simple comme bonjour et c'est formidablement attachant, filmé à hauteur d'enfant avec une justesse et une acuité fabuleuses.