LE MILIEU DE L'HORIZON

« Je voulais faire un film résolument contemporain sur les enjeux de la fin d’un certain monde paysan, sur la fin de l’enfance qui plonge le héros dans le tourment de la condition des femmes et des hommes. Le milieu de l'horizon est une histoire forte et universelle, qui résonne à la frontière du naturalisme et de l’onirisme. » Delphine Lehericey

Le film s’ouvre et se referme sur les images d’un garçon qui parcourt les routes de campagne à vélo et à toute vitesse. Dès les premières secondes, le regard de cet adolescent nous transmet sa rage de vivre et sa détermination. C’est au cours de l’été 1976, en pleine sécheresse et en milieu rural, que la réalisatrice déroule le fil de son scénario. Essentiellement tourné caméra à l’épaule et en 35mm, le film a quelque chose de tactile, comme si l’on pouvait sentir le souffle du vent dans nos cheveux ou les rayons du soleil sur notre peau. Enveloppé du chant des cigales, l’environnement de Gus n’est pourtant pas léger. La tension est palpable au sein du cercle familial et la pression due à la sécheresse monte au fil des jours : un passage relativement brutal et sans transition dans le monde des adultes.

Brillamment interprété par Luc Bruchet, apparaissant pour la première fois à l’écran, Gus s’interroge sur le monde qui l’entoure. Profondément attaché à ses racines, il est aussi habité par une irrépressible envie de s’enfuir, vers un ailleurs qui le préserverait peut-être de cette rude sortie de l’enfance. Face aux prémices de son propre désir ainsi que celui de ses proches, son esprit vagabonde, rugit puis s’apaise. Une complicité ponctuée de rires et de tendresse s’insinue parfois dans l'âpreté du quotidien. Empreint de nostalgie, Le milieu de l'horizon ravive en nous des souvenirs de vacances, traversés par la douceur de l’été et la menace de l’orage.