LE DOSSIER MALDOROR

Charleroi, 1995. Cécile et Elina, 7 et 8 ans, ont disparu. Si la police judiciaire recherche les fillettes, elle est jugée inefficace par la population en effroi. À la gendarmerie, les soupçons se portent sur Marcel Dedieu, déjà condamné pour viol sur mineur. Il est mis sous surveillance dans le cadre d'une opération secrète appelée Maldoror. Le jeune Paul Chartier prend cette affaire à coeur, avec idéalisme et dévotion.

Ouvrage en prose, Les chants de Maldoror a été écrit entre 1868 et 1869 par Isidore Ducasse, dit le Comte de Lautréamont, poète au visage inconnu mort inexplicablement à 24 ans. La réception du livre fut tumultueuse, d’abord en Belgique. Le texte obscur suit en six chants un personnage énigmatique : dénué de toute morale, expression infigurable du Mal, Maldoror n'en finit pas de hanter ses lecteurices. Dans la province de Hainaut, un autre spectre obsède les habitants depuis les années 90, celui de Marc Dutroux.

Pour son projet le plus ambitieux, Fabrice du Welz dissèque un traumatisme collectif. Reprenant les multiples drames de l’affaire Dutroux et les dysfonctionnements policiers qui ont entravé l’enquête, le cinéaste livre un film viscéral et fiévreux – comme l'étaient ses opus précédents. Loin d’une analyse des événements, il centre son histoire sur Chartier, enquêteur ardent dévoré par la psychose collective. Amoureux du cinéma d’horreur, du Welz dépeint un monde contaminé par la folie avec un sens habile du grotesque et de l’angoisse. Face à un Anthony Bajon toujours excellent, Sergi Lopez incarne l’ogre Dedieu, un Maldoror cathartique pour qui se souvient de ce fait divers aux contours encore inexpliqués.