LARA JENKINS
Du 26/02/2020 au 17/03/2020
Un matin comme tant d'autres, Lara fume sa cigarette avec une tasse de thé, le visage fermé au creux du silence de son appartement. Ce matin n'est pourtant pas comme les autres : c'est le jour de ses soixante ans et c'est aussi celui où son fils Viktor va donner son premier concert de piano... Toutefois, Lara est seule et ce sentiment se lit sur son visage. Elle laisse un message sur le répondeur de Viktor et sa journée commence comme une succession de rencontres manquées avec ce fils qu'elle semble vouloir soutenir alors que l'ensemble de son entourage fait consciencieusement en sorte de la tenir à l'écart...
Cette histoire traite à la fois de la relation fusionnelle – et toxique – entre une mère et son fils et des dérives de la pulsion créatrice. Les artistes sont parfois entièrement dévoués à leur pratique, au détriment de leur entourage le plus proche. Quant aux parents qui nourrissent pour leur enfant des espoirs de compétition ou d'excellence, ils sont souvent tellement exigeants que ceux-ci y sacrifient leur jeunesse et deviennent ainsi dépendants affectivement, incapables d'autonomie. Lara apparaît particulièrement antipathique mais alors que le film se déploie, le sujet prend corps : la peur de l'échec, paralysante, est d'autant plus forte pour ceux qui se dédient totalement à leur art, au point qu'il en devient un élément constitutif de leur personnalité. Après un premier film – Oh Boy – très remarqué, Jan-Ole Gerster met en lumière une femme dont les zones d'ombres et les secrets ne seront pas intégralement dévoilés : cela en fait un personnage extrêmement complexe.