LA SYNDICALISTE

2012. Depuis des années, Maureen Kearney, déléguée syndicale CFDT d’Areva, défend les intérêts du fleuron du nucléaire français. Proche de la PDG Anne Lauvergeon, elle fréquente les ministres et les capitaines d’industrie. Lorsque Lauvergeon cède son poste à Luc Oursel, Maureen apprend qu'EDF négocie en secret avec un groupe chinois pour construire des centrales low-cost. Cette alliance pourrait entraîner un transfert de technologies : malgré les conseils de prudence et les tentatives d’intimidation, Maureen lance l'alerte, monte au créneau, informe les politiques. Le 17 décembre, elle est retrouvée chez elle ligotée et violemment agressée. Une enquête est ouverte, sa vie bascule...

Pour raconter cette histoire incroyable et pourtant bien réelle, Jean-Paul Salomé construit un suspense politique puis psychologique tout à fait haletant. Plongeant dans les arcanes du pouvoir, de la police et du milieu des affaires, il y révèle l'étendue de l'impunité de la domination masculine. Dans ce monde aux apparences feutrées, chacun défend ses intérêts et la violence est partout, prête à jaillir à tout moment. En conservant les véritables noms de toutes les personnes impliquées, La syndicaliste ancre son récit dans la réalité : une réalité glaçante, qui tient autant du polar que de l'espionnage, dans laquelle la vérité est soumise aux lobbies et aux complots. Plus l'intrigue avance, plus le trouble s'installe, nous faisant douter de tout et de tout le monde. Autour d'une Isabelle Huppert particulièrement insaisissable, l'ensemble de la distribution donne corps et complexité à ces personnalités publiques – mention spéciale à Marina Foïs, doucereusement ambiguë. Filmé sans temps morts, La syndicaliste parvient à allier l'intensité du thriller à l'acuité du pamphlet politique.