LA PAMPA

Willy et Jojo sont amis d’enfance et ne se quittent jamais. Pour tuer l'ennui, ils s’entraînent à la Pampa, un terrain de motocross. Un soir, Willy découvre le secret de Jojo.

Tourné dans son village natal en Anjou, La Pampa est le premier long-métrage d’Antoine Chevrollier, réalisateur reconnu pour sa série Oussekine et son travail sur Baron noir et Le bureau des légendes. Récit d’émancipation autant que western social ultra-réaliste, l’histoire capte le dernier été de deux copains inséparables, pour lesquels le passage à l’âge adulte se transforme en véritable épreuve du feu. Dans ces terres rurales et isolées, la culture populaire brandit la virilité exacerbée comme un trophée social ; le film interroge ainsi la toxicité sous-jacente des discours masculinistes en observant le harcèlement qu’ils génèrent, l’exclusion et le mépris qui s’exercent continuellement avec amusement et décontraction.

Comment s’affranchir de la violence du collectif et d’un milieu social qui nous rejette ? Comment dépasser un modèle paternel qui s’impose par la lâcheté et la colère ? À ces questions, le film appose la beauté des nouvelles rencontres et la sincérité d’une amitié, qui permettent envers et contre tous de devenir adulte de la façon la plus sobre possible, en affirmant sa singularité sans compétition, en se comportant avec dignité et force de caractère. Puissant film d’apprentissage brillant de retenue, La Pampa impressionne par le naturel et la justesse de tous ses interprètes, qui incarnent fort le drame des pièges identitaires, des rapports de force sournois, la liberté des échappées belles et des transcendances possibles. À l’image de Marina qui explique à Willy que l’étymologie du mot « Apocalypse » ne signifie pas la fin du monde, mais plutôt une révélation qui entraîne la fin d’UN monde. Et le commencement d’un nouveau…