LA NOUVELLE VIE DE PAUL SNEIJDER
Du 15/06/2016 au 19/07/2016
D’après le roman Le Cas Sneijder de Jean-Paul Dubois (Ed L’Olivier et Points Seuil)
Avant, Paul Sneijder avait une vie. Une vie d'homme divorcé puis remarié. Une vie d'homme qui a réussi sa vie mais qui l’a refaite ailleurs, loin de la France, au Québec. Mais Paul est aujourd'hui un homme en morceaux car sa grande fille, celle qu’il avait laissée en France et qui a grandi sans lui, vient de mourir. Un accident. Absurde, impensable, un accident défiant toutes les lois des statistiques et des probabilités. Un accident auquel il a lui-même survécu par miracle, qui le laisse bancal sur ses deux jambes et bancal dans son existence, à mi chemin entre la stupeur et le deuil, entre l’envie de sombrer et celle de s’accrocher.
Sa femme Ana insiste pour que Paul se préoccupe avant toutdu procès qui les mettra à l’abri de tout souci financier et offrira à leurs deux garçons la chance d’intégrer les meilleures Business, Managment and Marketing and Financial Schools des States. Car la réussite parle forcément anglais, et se pense très tôt plan de carrière chez Ana Sneijder, qui a quelques revanches à prendre sur la vie. Mais l’accident a provoqué chez Paul comme un éclat magique de lucidité et il veut prendre son temps, le temps du doute et de l’errance, le temps du chagrin. Il veut écouter la petite voix qui lui murmure l’évidente absurdité de tout cela… Et si tout cela au fond n’avait aucun sens ?
La nouvelle vie de Paul Sneijder, c’est celle qu’il va oser choisir sans l'avoir préméditée : quitter son boulot de cadre supérieur et promener des chiens dans un Montréal majestueux et blanc de neige. Une longue promenade existentielle comme les prémisses de sa guérison, de ses retrouvailles avec le sel de la vie. Les gens qu’il croisera sur sa route, par leur bienveillance ou leur humanité ou leur ridicule, l’aideront à avancer mieux que la canne qu’il finira par lâcher.
On n'a jamais vu Thierry Lhermitte dans si beau rôle, il est grandiose en homme cassé, tout en distance amusée, tout en nuances, avec cette noblesse un peu fanée. À ses côtés, Géraldine Pailhas parvient à éviter la caricature et les excès d’un personnage peu sympathique dont on devine pourtant les multiples blessures. Le Québec enneigé offre un écrin dépaysant au récit qui n’est jamais plombant ou sinistre et sait faire preuve d'un humour aussi fin qu'efficace. Car la nouvelle vie de Paul va aussi lui faire retrouver cela qui n'est pas rien : le goût et l’envie de rire.