LA LIGNE
Du 11/01/2023 au 07/02/2023
La première scène du film donne le ton : une crise familiale d’une violence magistrale, filmée au ralenti et rythmée par le Nisi Dominus de Vivaldi. Au cœur du conflit, une fille, Margaret, d’une agressivité enragée face à sa mère, Christina, d’un égoïsme enrageant. Suite à cette altercation, Margaret doit se soumettre à une mesure stricte d’éloignement : elle n’a plus le droit de rentrer en contact avec sa mère, ni de s’approcher à moins de cent mètres de sa maison. Expulsée du cercle familial, elle se retrouve enfermée dehors : sa « prison » est matérialisée par une ligne tracée à la peinture bleue par sa petite sœur Marion. Margaret revient tous les jours à la limite de cette frontière contre laquelle elle se frotte, bute et se cogne. La jeune Marion, sorte de « gardienne de la ligne », doit s’assurer que sa sœur ne la franchira pas.
Dans la plupart des récits, l'histoire avance par la rencontre entre les protagonistes. Ursula Meier a voulu démontrer le contraire : la mise à distance du personnage principal crée ici la dynamique narrative et en fait toute l’originalité. Stéphanie Blanchoud – qui a également co-écrit le scénario du film – interprète parfaitement Margaret, jeune femme habitée par la colère, n’arrivant plus à dialoguer. Face à elle, Valeria Bruni Tedeschi incarne une mère égocentrique et borderline, India Hair une sœur enceinte blasée par la situation tandis que Benjamin Biolay endosse – avec une certaine mauvaise grâce – le statut de refuge, d'unique SAS de décompression. Car le dernier rôle du film est bel et bien attribué à la musique : celle qui unit, apaise et se révèle bien souvent salvatrice.