L'ENFER DANS LA VILLE
Du 27/02/2019 au 19/03/2019

Une prison de femmes, à Rome à la fin des années 1950. Lina (Giulietta Masina), une jeune fille un peu trop naïve, est jetée en prison à cause du jeune homme dont elle était amoureuse. Celui-ci a abusé de sa candeur pour la faire accuser d’un crime qu’elle n’a pas commis. Egle (Anna Magnani), prostituée cynique et habituée à la vie derrière les barreaux la prend sous son aile...
Le film s’ouvre et se ferme sur l’arrivée d’un fourgon d’où sortent de nouvelles prisonnières. Ces femmes s’organisent entre elles, certaines dominent, d’autres sont dominées, toutes attendent la libération... quoique. L’image en noir et blanc est belle. Le huis clos est respecté et l’histoire navigue entre fable cyclique et chronique de la vie carcérale, tout en se concentrant sur les deux personnages principaux. Egle est la figure de proue de sa cellule, vénérée et crainte par toutes ; Lina est l’oie blanche accusée à tort, éternelle éplorée fraîchement débarquée.
L’écriture joue sur les images des deux actrices, déjà ancrées dans l’imaginaire cinéphile de l’époque : la brune et la blonde, la coriace et la tendre, l’extravertie et la timide... Un classique dans lequel elles s’engouffrent sans hésitation. On dit que le tournage fut houleux, que l’affrontement permanent empêcha parfois d’avoir dans le même cadre ces deux génies. À l’image, pourtant, les deux comédiennes sont épatantes. L’enfer sur le plateau a donné des miracles et, pour ce duo d’actrices inouïes, L’enfer dans la ville vaut le déplacement.
(D’après Isabelle Danel • Bande à part)