KNIVES AND SKIN

Suite à un rendez-vous amoureux nocturne, la jeune Carolyn Harper disparaît... Dans la petite ville trop tranquille du Midwest américain où elle vivait, cette disparition se heurte à une étrange indifférence, comme si Carolyn n’avait pas vraiment existé. Seule sa mère, qui dirige la chorale du lycée, est dévastée. Elle réagit comme elle peut à l’absence de sa fille et au désintérêt de son entourage. Peu à peu cependant, un malaise latent affecte la communauté : cet événement qui semblait ne toucher personne va en réalité renvoyer chacun à ses propres angoisses et bousculer les rapports entre les habitants.

Empruntant autant aux univers de David Lynch et de Todd Haynes qu’à l’esthétique du giallo, Knives and skin est un objet cinématographique troublant. Peuplé de personnages fantasques – majoritairement féminins – aux agissements souvent déconcertants, le film de Jennifer Reeder donne un éclairage singulier à ce moment particulier qu’est l’adolescence. La réalisatrice joue de la confusion des rôles entre le monde des ados, enclins à une forme de solidarité – ou au moins de sororité –, et celui des adultes, représenté ici par des mères dérangeantes et des hommes distants ou libidineux... Knives and skin puise également dans le cinéma de genre pour construire un univers visuel inattendu et envoûtant : il ausculte ainsi une communauté frappée par le deuil en préférant la puissance symbolique des images aux explications psychologiques. Teen movie stylisé aux allures de comédie musicale – sa bande originale très eighties est excellente –, Knives and skin alterne nostalgie et tragicomédie : il offre ainsi une vision originale et féminine du spleen adolescent.