JINPA, UN CONTE TIBÉTAIN

« Si je te raconte mon rêve, tu pourras l’oublier ; si j’agis selon mon rêve, sans doute t’en souviendras-tu ; mais si je te fais participer, mon rêve devient aussi ton rêve. » Proverbe Tibétain

Un camion brinquebale dans les étendues désertiques du plateau de Kekexili. Au volant, un personnage au look improbable de rockeur ou de loubard – lunettes et blouson noirs – écoute à plein volume un air d'opéra. La route s'annonce longue, chaotique, monotone mais deux événements imprévisibles vont bouleverser la routine du routier. Son véhicule percute par accident un mouton puis croise sur son chemin un marcheur en tenue traditionnelle, qu'il décide de prendre en stop. Ce jeune homme – prénommé Jinpa – explique être à la recherche de l'assassin de son père : il aurait trouvé sa trace dans un village voisin et s'y rend donc pour le tuer. Le conducteur dépose son passager à l'entrée de la ville et continue sa route. Il ne peut cependant pas s'empêcher de penser à ce que lui a révélé Jinpa...

Après Tharlo, le berger tibétain, Pema Tseden propose avec Jinpa un audacieux mélange des genres et des influences : on y navigue entre polar, western, fantastique et comédie noire ; on y retrouve du Jarmusch, du Sergio Leone, du Kaurismäki et du Wong Kar-Wai (qui est d'ailleurs producteur de Jinpa). Entre réalisme documentaire, esthétisme poétique et fable mystique, voici un film déroutant et inclassable : une découverte !