IT MUST BE HEAVEN
Du 04/12/2019 au 14/01/2020
MENTION SPÉCIALE DU JURY & PRIX FIPRESCI DE LA CRITIQUE INTERNATIONALE • FESTIVAL DE CANNES 2019
À l'instar de ses comédies antérieures – Intervention divine et Le temps qu'il reste notamment – Elia Suleiman interprète dans It must be heaven son propre rôle devant la caméra, observateur stoïque et silencieux. Il quitte Nazareth pour trouver les financements de son prochain projet auprès d'investisseurs parisiens et new-yorkais. « Si dans mes précédents films, la Palestine pouvait s’apparenter à un microcosme du monde, It must be heaven tente de présenter le monde comme un microcosme de la Palestine », confie le réalisateur. Il met ainsi en scène des situations vécues et ses rencontres avec différents personnages qui le ramènent sans cesse à sa nationalité palestinienne et aux clichés qui lui sont associés.
Si les tensions de son pays sont montrées sans aucune arme, ces dernières se multiplient dans les mains des forces de l'ordre comme des civils à Paris et New York – finalement plus déroutantes et anxiogènes que sa ville natale. Cette affligeante absurdité, Elia Suleiman réussit à nous en amuser grâce à un humour burlesque salvateur. Les autres sujets conflictuels actuels abordés dans les trois pays (patriarcat, ultra-sécurité...) deviennent eux aussi sources de désopilantes dérisions. L'incongruité de son quotidien de touriste et l’irrationalité du Cinéma se suivent, se croisent pour se confondre le long de son périple. Avec son sens du cadrage et de la symétrie digne de Wes Anderson, l'expressivité de son visage, les longs silences et la musicalité du montage, Elia Suleiman confirme qu'il est tout aussi talentueux et précieux que Buster Keaton, Charlie Chaplin, Jacques Tati, Pierre Etaix et Aki Kaurismäki : la célèbre maxime « on finira par en rire » devient grâce à lui « on en éclate de rire » !
(D'après Carine Trenteun • culture31.com)