HOPELESS
Du 17/04/2024 au 07/05/2024
SÉLECTION OFFICIELLE, UN CERTAIN REGARD • FESTIVAL DE CANNES 2023
Pour son premier long-métrage, Kim Chang-hoon a soigné son entrée en matière. Une caméra au ras du sol. Une chaussure usée. Un caillou. Un jeune garçon s’en empare et frappe brutalement un autre avec. Aucun doute, nous serons dans un polar noir, sans concession, dans lequel chaque coup résonne en métronome de la bande-son. Ce gamin qui tape avant de réfléchir, c’est Yeon-gyu, adolescent introverti, meurtri par l'irascibilité d’un beau-père alcoolique. Sa rencontre avec un gang local va lui permettre de s’extraire de son quotidien. Il y découvrira une spirale de violence à laquelle il n’était pas préparé…
À l’image de son titre, l’espoir a disparu de cette ville, sordide et gangrenée par la corruption, dans laquelle prend place la tragédie. Il ne s'agit pas ici de la dépravation des élites mais de celle des petites gens, de ceux qui choisissent le crime par nécessité ou par ennui. Les mafieux apparaissent alors comme un ascenseur social, le moyen d’arriver au sommet de la pyramide de cette pègre des bas-fonds. Au-delà de la puissance de certaines séquences, âpres et rugueuses, le film séduit par son refus de glorifier le parcours du protagoniste : les truands ne sont pas des héros et nous assistons bien à une descente aux enfers. Hopeless a digéré les classiques américains – Scorsese et De Palma en tête – pour en proposer une variation profondément ancrée dans le paysage urbain sud-coréen. En développant une relation ambigüe entre son personnage principal et le leader des hors-la-loi, le cinéaste élève son récit brutal vers la chronique aiguisée d'une jeunesse désabusée.
(D'après Christophe Brangé • abusdecine.com)